Pour ceux qui me connaissent un peu, je suis un inconditionnel du système reflex. Après mes débuts en argentique avec un reflex Minolta, j’ai fait le grand saut dans le numérique avec la sortie du Nikon D70. Il y a donc tout juste 10 ans. Ma passion pour la photographie et les quelques revenus que j’ai pu en tirer m’ont permis de faire évoluer régulièrement mon matériel. C’est ainsi que je suis passé successivement au Nikon D80, D300 et D700. Aujourd’hui, je profite des performances offertes par un D7000 (boitier de secourt) et un D800 (boitier principal). En parallèle de cela, je me suis également équipé d’objectifs capables d’exploiter les possibilités offertes par les capteurs de ces différents boitiers. Je vous passe la longue liste des objectifs que j’ai possédés pendant des périodes plus ou moins longues. Sachez qu’aujourd’hui, j’aime à utiliser aussi bien des zooms (Nikon 18-35mm f/3,5-4,5 G et 70-200mm f/4 G) que des focales fixes (Sigma 35mm f/1,4 Art, Nikon 50mm f/1,8, Samyang 85mm f/1,4 et Sigma 105mm f/2,8 Macro).
Cette introduction peut vous paraître un peu longue. Mais nous sommes nombreux aujourd’hui à avoir investi dans un système reflex. C’est donc bien dans ce contexte que je souhaite vous proposer l’analyse du compact hybride Fuji X-T1.
Fuji opère dans le domaine de la photo depuis de très nombreuses années. Et son expérience porte aussi bien sur les appareils photo que sur la capture et le rendu des images. Je ne reviendrai pas sur leur longue expérience en argentique et notamment sur celle des films (négatifs et diapositives). En revanche, il est intéressant de savoir qu’assez rapidement en numérique, Fuji s’est intéressé à la manière de capturer la lumière et sa couleur. C’est ainsi qu’ils se sont engagés sur la voie des capteurs Super CCD, Super CCD SR I et II puis plus récemment sur les X-Trans I et II. Ces aspects techniques qui peuvent en rebuter plus d’un ont pour moi rapidement éveillés mon intérêt pour la marque Fuji. Ayant été un temps assez attiré par leur reflex S5 Pro, j’y ai finalement renoncé car à l’époque le boitier issu de chez Nikon n’était pas aussi performant que la concurrence en terme d’AF et de système flash. Puis est arrivé le Fuji X100 (boitier compact) et à peu après le premier appareil compact hybride de la marque, le X-Pro 1. C’est à partir de cette époque que j’ai eu la chance d’être régulièrement invité par Fuji pour découvrir leurs derniers produits. Et donc en mars dernier, Fuji a organisé un petit évènement marketing autour de leur dernier boitier, le X-T1, avec un photographe de renom, Eric Bouvet. Accompagné d’une série d’objectifs fixes dont le dernier 56mm f/1,2, j’ai senti que Fuji avait atteint un niveau permettant de venir concurrencer les reflex experts et pro. Plus trop d’hésitation. Il est devenu temps de me lancer dans le monde du compact hybride !
Certains pourront se demander ce qui peut motiver un photographe (expert ou pro) de laisser tomber son matériel reflex complet pour l’univers du compact hybride. Sur ce sujet, l’intérêt est avant tout centré sur la compacité et la légèreté d’un tel système. Evidemment, cela n’a pu m’empêcher de mettre dans le balance ce qui contribue à la qualité des images issues d’un reflex et en particulier d’un Nikon D800 à capteur plein format. Mais trêve de discussion, passons à la découverte de ce fameux fuji X-T1.
Une fois la commande passée sur internet, je reçois enfin après quelques jours d’une attente qui parait trop longue ce nouveau boitier. Et une fois la batterie chargée à bloc, me voilà parti pour éprouver ce boitier à l’épreuve du terrain. Sur ce point-là, il m’apparait toujours très important d’utiliser un boitier dans des conditions réelles. Car même si une prise en main dans un magasin donne de premières indications, ce n’est rarement l’endroit où l’on va avoir les conditions et le temps d’éprouver ses performances. L’ayant mis à l’épreuve depuis un peu plus d’un mois, il me semble que je suis en mesure de vous apporter une bonne vision des qualités mais également des défauts de cet appareil.
L’ergonomie :
Mais revenons à notre sujet. Le boitier est donc bien compact et surtout léger (780 g avec son 18-55mm). Quel changement à coté du Nikon D800 et même du D7000 ! Voici un boitier facile à emporter dans une petite sacoche à la moindre occasion. Quand on aime emporter un appareil dans ces moindres promenades, voici un argument de poids (si j’ose dire !). Ayant des mains d’une taille assez standard, j’ai trouvé rapidement mes marques. Les petits bosselages à l’avant et à l’arrière sont bien dimensionnés pour positionner ses doigts. En revanche, comme l’ont signalé de nombreux testeurs, les différents boutons notamment sur la droite de l’écran arrière manquent de relief. Rien de rédhibitoire mais un petit point d’amélioration en perspective. En tous cas, ils sont bien placés et l’utilisateur d’un reflex trouvera très facilement ses repères. Les molettes rotatives sur la partie supérieure sont également très faciles à utiliser. La molette des ISO dispose d’un cran de blocage qu’il convient d’appuyer pour chaque valeur ISO (par tiers). Pour cette de la vitesse, le crantage est uniquement valable pour le mode A. Quant à celle de correction d’exposition, elle est suffisamment dur pour ne pas se modifier toute seule. Son seul petit défaut est d’être un peu trop ferme ce qui nécessite d’utiliser 2 doigts pour la tourner lorsque l’on a l’œil sur le viseur. Pour le pad arrière, pas de soucis pour moi sur le ressenti du clic lors d’un appui sur les boutons. Mais je rejoints là-aussi les autres testeurs sur le fait que ces boutons manquent de relief. Dernière remarque concernant les commandes, le bouton d’enregistrement est malheureusement mal placé ce qui conduit de temps en temps à déclencher par mégarde l’enregistrement vidéo.
Pour ce qui est du réglage et de l’usage du Fuji X-T1, il faut changer quelque peu ses habitudes. Ici, tout est situé au niveau des molettes supérieurs mais également de la bague de diaphragme de l’objectif. De ce coté-là, tout est vraiment intuitif. Et on oublie très vite le réglage du couple ouverture/vitesse par les roues avant et arrière que l’on trouve sur un reflex. Autre élément à savoir : il est possible de retrouver l’usage du réglage du point AF à l’aide du pad arrière. Pour cela, il suffit de configurer chacune des 4 touches sur « Zone de mise au point ». Seul petit défaut, il faut 2 clics sur l’un des boutons pour commencer à bouger manuellement le point AF.
Le viseur :
Cet élément très important dans la processus de capture d’une image mérite à lui seul une analyse tant les débats sont parfois vifs sur les forums et autres blogs. Même si extérieurement, tout laisse à croire que l’on dispose d’un bon vieux prisme en verre, votre œil fait face à un viseur électronique. A savoir que vous regardez un écran « vidéo » qui retranscrit ce que l’objectif peut voir. Mais attention, vous êtes ici devant ce qui se fait de mieux à ce jour : écran Oled de 2 360 000 points, couverture 100 %, grossissement de 0,77x et vitesse de rafraichissement de 200Hz. Possédant un large viseur optique avec le Nikon D800, j’avoue mettre habitué tout de suite avec cette technologie que j’appréhende presque pour la première fois. Sachez au passage que je suis porteur de lunettes. Certes, le contraste de l’image n’est pas reproduit aussi parfaitement qu’en réalité (l’image dans le viseur est plus contrastée surtout les jours de grand soleil). Mais sa fonction de base, le cadrage, est pleinement rempli. De plus, ce viseur permet de voir en direct les différents réglages que l’on a utilisé. Cela est particulièrement utile lorsque l’on joue avec la correction d’exposition ou le réglages Noir&Blanc. Sur ce point, je trouve que le numérique atteint pleinement sa maturité. Non seulement, on peut voir l’image dès quelle a été prise mais on peut même adapté finement les réglages avant même d’avoir appuyé sur le déclencheur. Je pense donc que nous ne sommes pas loin du moment où le viseur électronique viendra égaler en agrément celui d’un viseur optique. Je m’attarderai un peu moins sur l’utilisation de l’écran arrière pour photographier bien que celui-ci peut être très utile grâce à sa rotation (1 seul axe) pour photographier au dessus d’une foule ou à la manière d’un roleflex, appareil sur le ventre (bien utile en photo de rue par exemple).
L’autofocus :
Autre point sur lequel l’utilisateur de reflex de dernière génération sera exigeant est celui de l’autofocus. Même si le Nikon D7000 et D800 ne sont pas ce qui se fait de mieux en la matière, leurs autofocus sont quand même de haut vol et il est bien rare d’obtenir des images flous dans une utilisation courante (hors sport de compétition). Je peux toutefois noté que mon D800 manque d’un petit défaut de réglages sur les capteurs AF latéraux gauche qui me conduit de temps en temps à des images flous. L’avantage avec la détection de phase qu’utilisent les appareils compacts et hybrides, c’est que quand la netteté est faite (et à condition que le sujet ne bouge pas), c’est net ! En revanche, ce mode à le défaut d’être un peu plus lent. Pour corriger cela, le Fuji X-T1 embarque un AF hybride intelligent (AF contraste TTL de 49 collimateurs et AF détection de phase TTL de 142 000 points). Pour être honnête, nous n’en sommes pas encore au niveau d’un reflex. En journée, pas de problème particulier. Si votre sujet ne passe pas son temps à zigzaguer à droite et à gauche, les photos seront toujours nettes. En revanche dans un environnement sombre, il faudra prendre un peu plus de temps. Mais pour avoir photographier dans un église un peu sombre, j’avoue avoir été surpris positivement et, en aucun cas, cela ne m’a empêché de capturer les images que je souhaitais. Pour des sujets sportifs, il sera conseillé de caler l’AF en mode continue (AF-C), de régler les zones AF en mode large et de travailler en mode rafale (CH). Sur ce dernier point, il faut rappeler que le Fuji X-T1 monte à 8 images/s, ce qui permet vraiment de ne pas manquer la moindre image d’un mouvement un peu rapide.
Détails divers :
Un autre bon point à mettre à l’actif du Fuji X-T1, celui-ci est particulièrement silencieux. Certes, on a toujours le bruit du rideau qui se lève et se referme devant le capteur mais celui-ci est relativement feutré. Aucun soucis pour utiliser un tel appareil dans des endroits qui requièrent un temps soit peu de silence (cérémonie religieuse, concert de musique classique, …). A coté, le Nikon D800 apparaît vraiment bruyant.
Autre point, la taille des fichiers. En format RAW, le Fuji X-T1 produit des fichiers d’environ 33Mo. Cela m’a apparu beaucoup sachant que le Nikon D800 produit des images de 36MPixels au format RAW d’environ 34Mo (à conditions que l’on sélectionne un codage sur 12bits et une compression sans perte). Avec un capteur de 16,3MPixels, je m’attendais à un peu moins. Mais il est vrai que le codage est ici sur 14bits. Coté JPEG, on tournera entre 4 et 6Mo (format 2/3 et compression Fine).
Un point en retrait par rapport à un système reflex comme chez Nikon : la gestion Flash. La bonne idée est d’avoir proposé avec le boitier d’un petit flash (NG 11 à 200 ISO). Cela vous permettra de déboucher un contre-jour. Mais il faudra toutefois faire attention à la vitesse de synchro flash de 1/180s. C’est d’autant plus gênant que la sensibilité ISO mini en format RAW est de 200 ISO. Il sera difficile d’aller chercher un beau flou d’arrière plan pour un portrait avec un éclairage de jour standard. Un point toutefois intéressant pour celui qui conservera un reflex et ses flashs expert et pro : il pourra piloter ces derniers à distance (en manuel) à l’aide ce petit flash. Sinon, il est clair qu’à ce jour les autres flashs proposés par Fuji sont loin d’égaler les flashs proposés par les grands constructeurs mais également par des constructeurs tiers. Gageons que ce domaine évoluera dans les prochains mois même s’il faut aussi reconnaître que ce n’est pas le boitier de prédilection pour le studio.
Pour finir, j’ajouterai un mot sur la batterie. Avec leur viseur électronique, les boitiers hybrides sont plutôt énergivores. Ayant l’habitude d’enchainer près de 1000 photos sur mes reflex, j’avais quelques craintes alors que Fuji annonce une autonomie d’environ 350 vues. Il faut dire que, sur un boitier hybride, on peut rapidement prendre l’habitude d’utiliser plus fréquemment l’écran arrière, chose que je ne fais jamais sur mes reflex. Heureusement, il est toujours possible de paramétrer l’appareil pour que seul le viseur soit actif (et mieux encore si on y ajoute la détection d’approche de l’œil). Dans ce cas-là, j’ai pu facilement enchainer plus de 500 photos sachant que l’indicateur de la batterie n’avait à peine entamé la moitié. Evidemment, pour atteindre une telle autonomie, il faut éviter de regarder le résultat après la prise de chaque photo. Sur ce point, l’appareil propose d’ailleurs d’afficher l’image prise pendant 0,5 s, 1,5 s ou en continue. Dommage d’ailleurs qu’on ne puisse pas monter à 2 ou 3 s. Au passage, notez qu’avec ce type de réglage du comportement du viseur, tout se passera dans celui-ci. Donc que cela soit pour effectuer un réglages dans le menu ou visualiser un peu plus finement une photo, vous devrez accoler votre œil au viseur. Sinon, il vous faudra rebasculer dans un autre mode (type LCD seul ou Détection oculaire écran ou viseur). Une petite manipulation de plus par rapport à un reflex.
Première conclusion :
Dans cette première partie, j’ai voulu aborder avant tout la prise en mains de ce Fuji X-T1. Il est en effet intéressant pour un utilisateur de reflex de ne pas être complètement dérouté par l’utilisation d’un nouveau boitier. C’est d’autant plus vrai s’il compte utiliser son appareil pour une activité professionnelle. Pour ma part, je compte conserver mon Nikon D800 qui continuera à m’apporter une aide précieuse dans certains usages bien particuliers (studio, reproduction d’œuvre d’art et mariage). Mais autant le dire tout de suite, j’ai été très rapidement convaincu par les capacités et résultats proposés par ce nouveau boitier. Et après avoir pu l’utiliser dans plusieurs activités semi-professionnelles, je dois dire que je n’ai été quasiment jamais dérangé par la manipulation et les performances du Fuji X-T1. Dans une prochaine partie de ce test, je m’attarderai sur la qualité des images que délivre ce boitier. Alors, à très vite !
Pour ceux qui souhaiteraient plus de précision sur l’utilisation de ce boitier, n’hésitez pas à ajouter un commentaire. Je m’attacherai à répondre à chacun de vous.
Depuis le temps que je viens ici lire tes revues du web, je suis particulièrement content de lire ce test particulièrement bien écrit!
J’espère que tu nous en offrira d’autres!
J’en profite pour te dire merci de mettre mes article en avant aussi si souvent! 😉
Merci Darth pour les compliments. Sinon, oui, j’ai bien l’intention d’approfondir l’analyse de ce boitier.
Et bravo également pour tes nombreux articles !
[…] – Paul Baggio: “I’m a new fan of Fuji since I get my X-T1. I’m also the author of PhotoGeek.fr, a blog around many info on digital photography. Even if it’s in French, your readers could be interested by my new article about this camera. I will try to write 3 or 4 ones until mid-July. Fist one is here (photogeek).” […]
Joli ressenti et très objectif sur ce boitier 😉 Je viens de mettre en vente mon matériel Nikon pour passer sur ce boitier.
Merci Seb. Je vais essayer de compléter ce premier article très prochainement.