Voilà quelques mois que j’ai initié une nouvelle rubrique : Tribune libre. Celle-ci est encore peu fournie mais il ne tient qu’à vous qu’elle se développe ! Mais voici dès aujourd’hui un deuxième opus.
En ce moment, je suis en pleine lecture d’un des derniers livres aux Editions Person : Le portrait de Bruno Levy. Et vous pourrez lire très prochainement sur Photo Geek ce que je pense de cet ouvrage qui revisite cet art de la photographie d’une manière bien actuelle. Il faut dire que Bruno a cumulé un certain nombre d’expériences à travers son travail aux seins de l’Agence France Presse, de l’agence photo SIPA et enfin au quotidien Libération. Tout ce savoir faire, il le met aujourd’hui à profit en tant que photographe freelance en réalisant de nombreux portraits pour des journaux comme Le Monde, Les Echos ou Challenges. C’est donc avec empressement que j’ai du coup contacter l’auteur pour qu’il nous détaille un peu plus son approche du portrait.
Et je lui laisse tout de suite la parole :
« Le portrait, théatre de rue, work in progress.
La photographie, et le fait de la pratiquer met en lumière ce que recherche le photographe. S’agit il de se mettre en avant, de se passionner pour d’autres, ou n’est ce qu’études de mises en lumières? Le portraitiste doit d’abord imaginer dans quel univers de lumière il va installer son personnage. Cette notion de l’installation me paraît cruciale. Le cadre précède obligatoirement le sujet en terme de portrait, le sujet n’est que le thème dans le cadre.
Parfois ce sont les mots que prononceront les gens qui créeront le cadre de l’image. « Il y a encore 2,4 milliards de personnes sans lunettes » : voici une phrase qui guide tout de suite vers l’image à réaliser. Une image n’existe pas sans légende, sans texte auquel se référer, la lecture de la légende et sa construction sont exercices indispensables. Longtemps plongé dans l’univers à priori sans mots du laboratoire, où la réalité du monde n’était plus que cette projection que j’imprimais sur le papier, j’ai dû apprendre à remettre des mots sur les images, dans les champs IPTC, et accepter que surtout et encore plus qu’hier, une photographie n’existe pas sans légende, sans mots clé (Retrouver une image dans un ordinateur ne peut se faire qu’à travers les mots saisis en recherche).
L’excentricité d’un personnage peut suffire à faire image , cette image n’aquiert sens qu’avec quelques mots d’explication sur le statut du personnage . Plus couramment pourtant, les personnages que nous croisons s’habillent et se tiennent avec discrétion, les mettre en lumière sera les désigner par la lumière, et participe de cette mise en « légende ». Entendre et écouter celui que l’on photographie, si on le peut, permet de sortir de l’apparence, d’aller vers une meilleure compréhension de celui ou celle qui nous fait face.
Souvent quand j’arrive sur un rendez vous, la personne est étonnée que la photo ne se fasse pas en cinq minutes, du matériel utilisé, « tout ça pour une photo dans le journal », et puis la magie du fait de jouer devant l’appareil opère.
En ce moment, je rééclaire encore un peu plus dans la rue, cherchant à placer un univers de théatre ou de cinéma. Pouvoir être maître par la lumière de l’ambiance qui va se dégager de l’image est indispensable. La pièce « Song from street scène » d’après un livret de Kurt Weil à l’opéra Bastille peut permettre d’imaginer comment tourner autour d’un, ou des personnages dans le cadre de la rue.
Claire à Valenciennes, pour Le Pélerin
Eclairer un personnage dans la rue procède de cette théatralisation possible d’un personnage. L’ambiance de nuit crée par nature cette théatralisation, grâce aux lumières de la ville.
Vous pouvez aussi le suivre sur son blog.
merci pour cet article et pour l’ensemble des liens de ton blog qui me font découvrir des personnalités pleines de talents et de passion.