Il n’est pas toujours facile de se démarquer au milieu de cette profusion d’images qui affluent sur internet. Je ne suis pas du tout spécialiste de la macrophotographie de fleurs mais j’ai été interpelé par la poésie qui se dégage des images de Carole Reboul.
Ecoutons comment Carole a cheminé pour arriver à ce résultat.
« Bonjour à tous !
Même si j’ai toujours fait de la photo, c’est en 2011 que tout a commencé, quand j’ai découvert la macro. Cela a été comme une révélation, et du jour au lendemain, je me suis retrouvée à passer mes soirées ou mes matinées le nez dans l’herbe.
Deux ans plus tard, en 2013, j’ai commencé à faire des expositions et j’ai pris le statut auteur photographe.
Lors d’un festival, en 2014, j’ai rencontré un éditeur, et c’est ainsi qu’est né le livre « Rêverie », qui est essentiellement un travail sur la lumière en macro, du matin jusqu’au soir.
Mais parlons plutôt de ma passion pour les fleurs sauvages, et comment je m’y prends sur le terrain pour les photographier.
En lumière naturelle :
Tout d’abord j’aime bien partir à la rencontre d’une fleur bien précise, savoir qu’au bout de la balade, elle m’attend, et savourer d’avance l’instant. Je suis sur le terrain bien avant l’aube, ou juste avant le soleil couchant. Ce sont les deux instants où les possibilités de jouer avec la lumière sont les plus grandes, notamment le matin en utilisant les flares créés par les gouttes de rosée. C’est la lumière naturelle qui m’inspire, et je photographie quasiment tout le temps en contre-jour.
Pour tout matériel, j’ai juste un boitier et un objectif macro (100 ou 180 mm), pas de flash donc, et pas de trépied non plus. D’abord parce que je travaille à pleine ouverture et à contre-jour, donc je dispose de vitesses largement suffisantes pour travailler à main levée. Ensuite et surtout, car c’est encombrant, et cela bride la créativité. En macro, tout est en mouvement, et il faut pouvoir suivre ce mouvement, ne pas être figé, sans cesse chercher derrière son appareil le meilleur angle, voir qu’en se décalant de quelques millimètres, cela change tout, bref, être libre d’expérimenter…
Mise au point en manuel :
Pour faire la mise au point, je suis toujours en manuel, et comme il faut être très précis, car cela se joue parfois à quelques mm, je n’hésite pas à prendre plusieurs fois la même photo, en refaisant la mise au point à chaque fois. Pour ce faire, je tourne la bague mais le plus souvent je préfère avancer/reculer, très légèrement bien sûr.
Ressentir une émotion :
J’aborde mon sujet comme si c’était une personne. Il faut que je « communique », d’une certaine manière, avec la fleur, que je ressente une émotion pour pouvoir arriver à la photographier. J’y tourne autour, je la regarde sous tous les angles, je fais connaissance avec elle et aussi avec son environnement : l’important est de trouver le point de vue sous lequel elle est la plus belle, l’arrière-plan qui la met en valeur. L’inspiration ne vient pas toujours, mais quand une fleur s’offre, je décolle et je vis un très beau moment.
Montrer la fleur dans son environnement :
Mon but n’est pas de faire un gros plan sur elle, mais de la montrer avec ce qui l’entoure, ou plutôt de le suggérer. En travaillant à pleine ouverture, j’utilise le flou de premier plan et d’arrière-plan pour donner l’impression que le sujet flotte entre terre et ciel. Pour le premier plan, je me « cache » quasiment derrière des herbes, ou de la neige, en fait ce qu’il y a entre la fleur et moi. Et je fais attention à ce que rien d’autre que la fleur ne soit dans le même plan qu’elle, du moins en hauteur, là où l’avant plan ne cache pas. Quant à l’arrière-plan, pour l’avoir le plus harmonieux, j’évite les troncs d’arbres, les branches, les cailloux. Il suffit parfois de se décaler de quelques cm pour ne plus les avoir dans le viseur.
Voilà ! J’espère avoir donné envie de s’y mettre. Parce que dès qu’on s’allonge dans l’herbe, on change de point de vue sur la nature, on se met à l’aimer pour ce qu’elle est vraiment et on apprend ainsi à la protéger. »
Merci Carole pour ton passage sur PhotoGeek ! Je suis sûr que ces quelques conseils aideront chacun à proposer une autre vision de la macrophotographie. Et pour ceux qui souhaitent découvrir un peu mieux son travail, n’hésitez pas à la suivre sur son site www.carolereboul.fr ou la rejoindre sur sa page facebook.